Un enfant sur cinq a été sexuellement abusé, d’où le titre du film de Karl Zéro. Qui, au gouvernement, peut prendre des mesures pour défendre les enfants ? Certainement pas Eric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, celui qui a obtenu l’acquittement de la plupart des accusés de l’affaire d’Outreau après avoir effrayé les enfants abusés…
Les réseaux pédocriminels
En Belgique, l’affaire Dutroux a, un bref moment, attiré l’attention du public sur les réseaux pédocriminels, les dysfonctionnements de la police et de la justice. En France, Émile Louis, Fourniret, Emile Louis ont été jugés comme de simples prédateurs isolés…
Une question cruciale a été négligée : de quoi vivaient ces sérial killers qui tuaient des enfants (ce qui ne rapporte rien) et en enlevaient pour les fournir à d’autres ? Un enfant de moins de huit ans vaut 22 000 francs, selon un témoignage.
Entre 2018 et 2020, 18 000 enfants de migrants ont disparu en Europe dans le silence assourdissant des médias.
Le tueur au visage grêlé, François Vérove, pédocriminel notoire, a sévi trente-cinq ans avant d’être arrêté. C’était un ancien gendarme affecté à la brigade des mineurs. Il s’est suicidé avant d’être entendu. Michel Joubrel, substitut près du procureur général près la Cour d’appel de Versailles, est condamné en 2006. Plus de 16 000 fichiers, photos et vidéos de pornographie enfantine ont été saisis sur son ordinateur. Il encourait cinq ans de prison, mais n’a écopé que de 8 mois avec sursis et 1000 € d’amende. Il avait auparavant fait muter sa collègue Martine Bouillon qui avait eu le courage de parler de charniers d’enfants en Ile de France devant la télévision. Une enquête judiciaire aurait été en cours. La Justice dément.
Depuis, le scandale Epstein a mis en lumière la réalité et l’ampleur des réseaux pédophiles. Des vidéos se monnaient 20 000 €.
Les prédateurs de l’oligarchie restent impunis
Un exemple récent : Olivier Duhamel (lire La familia grande de Camille Kouchner, au Seuil) présidait Le Siècle, il était le bras droit de Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, garant des lois. Il fait partie de l’oligarchie. Pas de bol, le compagnon de Camille Kouchner, Louis Dreyfus, aussi. Il est président du directoire du Monde. S’il avait été un salarié lambda, nul doute que le même livre n’aurait pas été publié ou par une toute petite maison d’édition sans grand réseau de distribution. Depuis la publication hyper médiatisée du livre, de toute façon rien n’a changé, selon le témoignage d’une avocate.
Lorsque les victimes dépassent leur amnésie traumatique, qui les a handicapées dans la construction de leur vie, les faits sont en général prescrits. Il faut avoir moins de 48 ans pour porter plainte en cas de viol sur mineur, sinon ce poids restera non exprimé devant la justice et la société jusqu’à la fin des jours des victimes. Et qui a les moyens de payer un avocat pendant des années ? Sans avoir été crues, les victimes du silence, devenues adultes, risquent de faire subir ce qu’elle ont vécu.
Une loi pour rien
Le scandale Duhamel accouche d’une souris : la loi du 21 avril 2021 « visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l’inceste », modifiée, amendée et même dangereuse sous certains aspects. Pour donner une idée de l’atmosphère : Annick Billon, la sénatrice qui a proposé la loi, déclare : « Il peut y avoir des enfants qui sont consentants. Et ça il ne faut pas l’oublier. »
Dupond-Moretti, au lieu de se comporter en ministre, redevient l’avocat des prédateurs de l’affaire d’Outreau (vidéo : 17’20 – 19’12) : « On peut pas criminaliser quand même des relations consenties entre un mineur de sept… de dix-sept ans par exemple et sa tante de dix-huit qui n’ont, qui n’a aucune autorité sur lui. […] Et même, si on cherche bien, on peut connaître des couples qui se sont connus avec cet écart d’âge et qui vingt ans après sont toujours ensemble. On fait quoi là ? On dit mais il y avait un crime ? » (Applaudissements dans l’Assemblée.) « Je ne veux pas être le censeur de la sexualité de nos adolescents », ajoute l’avocat Dupont-Moretti.
L’Assemblée protège le couple présidentiel
Les députés ont reconnu dans l’intervention de Me Dupond-Moretti, une allusion au couple présidentiel, sauf que l’écart d’âge entre Brigitte Trogneux et Emmanuel Macron n’était pas d’un an, ni même de vingt ans comme leur équipe marketing l’affirme, mais de 25 ans. Lorsqu’ils se sont connus, elle n’avait pas 36 ans et lui 17 (d’où le lapsus de Dupond-Moretti), mais elle avait 39 ans et lui 14 (Faits & Documents, n° 497, p. 4). Alors, oui, il y a bien eu abus sur mineur puisque « la différence d’âge entre le majeur et le mineur est d’au moins cinq ans ».
Pas d’aide institutionnelle pour les victimes de pédophiles
Les médecins ne sont pas épaulés par la police et la Justice. Ils risquent même l’interdiction d’exercer, s’ils signalent un cas d’inceste. Ainsi, le chirurgien Joël Le Scouarnec a-t-il pu violer 349 enfants pendant trente ans, malgré les signalements répétés de plusieurs confrères.
En France, il faut que l’enfant prouve le viol. Le mis en cause n’a pas à faire la démonstration de son innocence. Or des lésions génitales sont rares. La preuve est donc impossible.
Pharos, la plateforme française (qui sert aussi contre les terroristes et les escrocs), est impuissante : ils ne sont que 20 policiers et gendarmes pour la faire fonctionner (à comparer avec les 45 millions d’images pédo-pornographiques qui circulent annuellement).
Jacqueline pour Le Média en 4-4-2