Une mobilisation diplomatique sans précédent se prépare en Amérique latine. Les 15 et 16 juillet, plus de vingt nations se réuniront d’urgence dans la capitale colombienne pour un sommet historique visant à condamner les violations présumées du droit international par Israël et à exiger des actions concrètes face à un climat d’impunité jugé intolérable. Coorganisé par la Colombie et l’Afrique du Sud sous l’égide du Groupe de La Haye (The Hague Group), ce sommet s’inscrit dans une course contre la montre pour répondre à la crise humanitaire en Palestine et instaurer des changements décisifs.
Une réponse urgente à une crise persistante
Présenté comme un « sommet d’urgence », cet événement répond à une nécessité impérieuse de coordonner des mesures face à ce que les organisateurs qualifient de politique d’impunité systématique menée par Israël, soutenue par ses alliés. « Le temps des déclarations est révolu.
Nous devons agir maintenant pour transformer la solidarité en résultats tangibles », a déclaré Mauricio Jaramillo Jassir, vice-ministre colombien des Affaires multilatérales. Cette urgence reflète la gravité de la situation palestinienne et l’aspiration à des réformes rapides sur la scène internationale.
Une coalition mondiale en expansion
Créé en janvier 2025, le Groupe de La Haye regroupe initialement huit États fondateurs : Bolivie, Colombie, Cuba, Honduras, Malaisie, Namibie, Sénégal et Afrique du Sud. Aujourd’hui, il s’élargit à un rythme soutenu, avec la participation confirmée de pays comme l’Algérie, le Bangladesh, le Brésil, le Chili, la Chine, Djibouti, l’Indonésie, l’Irlande, le Liban, le Nicaragua, Oman, le Portugal, le Qatar, la Turquie, l’Espagne, l’Uruguay, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et la Palestine. Des experts, dont Francesca Albanese, rapporteur spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens occupés, apporteront un appui crucial aux discussions.
BREAKING 🇵🇸 The Co-Chairs of The Hague Group — the Republic of Colombia 🇨🇴 and the Republic of South Africa 🇿🇦 — convene States from across the world to an Emergency Conference to halt the Gaza genocide.
15-16 July 2025. Bogotá, Colombia. pic.twitter.com/5VQetxhENW
— Progressive International (@ProgIntl) June 10, 2025
Plusieurs pays ont déjà agi : l’Afrique du Sud a saisi la Cour internationale de Justice (CIJ) contre Israël, rejointe par d’autres États ; la Namibie et la Malaisie ont interdit l’accès à des cargaisons d’armes liées au conflit ; la Colombie a rompu ses relations diplomatiques avec Tel-Aviv. Ces mesures, bien que significatives, restent insuffisantes face à l’ampleur de la crise. Le sommet de Bogotá vise à accélérer et amplifier ces efforts pour provoquer des changements immédiats.
Les changements visés : une réponse multilatérale urgente
Le sommet pourrait déboucher sur des transformations majeures, avec une mise en œuvre rapide pour répondre à l’urgence :
- Coordination diplomatique renforcée : Une alliance formelle au sein du Groupe de La Haye pourrait émerger, avec des résolutions communes à l’ONU et des campagnes pour isoler diplomatiquement Israël. Cette unité est cruciale pour contrer l’influence des alliés d’Israël.
- Actions juridiques accélérées : De nouvelles plaintes pourraient être déposées à la CIJ ou à la CPI, avec un appel à des enquêtes internationales immédiates sur les crimes de guerre présumés. Le sommet pourrait établir un calendrier précis pour ces démarches.
- Sanctions économiques ciblées : Des embargos sur les armes, des restrictions commerciales et des interdictions de coopération avec des entreprises liées à l’occupation pourraient être adoptés collectivement, avec un engagement à les appliquer sans délai.
- Ruptures diplomatiques supplémentaires : D’autres pays pourraient suivre l’exemple de la Colombie en suspendant leurs relations avec Israël, une mesure symbolique mais puissante pour accentuer la pression.
- Mobilisation mondiale de l’opinion publique : En impliquant des nations influentes comme la Chine, le Brésil et l’Espagne, le sommet pourrait galvaniser des campagnes mondiales de boycott (ex. BDS) et des mouvements citoyens pour maintenir la pression sur les gouvernements alliés d’Israël.
- Modèle pour la gouvernance mondiale : Une coalition réussie pourrait inspirer d’autres initiatives similaires, renforçant le rôle des pays du Sud global dans la lutte contre l’impunité à l’échelle mondiale.
Une course contre l’impunité
L’urgence de ce sommet réside dans la nécessité de surmonter les obstacles géopolitiques. Les alliés d’Israël, notamment les États-Unis, pourraient tenter de bloquer ces initiatives par des pressions diplomatiques ou économiques. De plus, la diversité des intérêts parmi les pays participants pourrait compliquer l’adoption de mesures radicales. Cependant, la présence de nations influentes et l’expertise d’acteurs comme Francesca Albanese renforcent l’espoir d’actions concrètes.