Le comité d’experts chargé d’enquêter sur l’affaire dite « des bébés sans bras » a rendu ses premières conclusions, vendredi 12 juillet. Mais parmi les familles, c’est un sentiment de déception, voire d’abandon, qui prévaut.
Le comité s’est en effet contenté de dire si, oui ou non, il y avait un surnombre de cas dans les territoires signalés mais n’a pas communiqué sur les éventuelles causes.
Les recommandations des vingt experts, formulées dans un document de 250 pages, rejoignent finalement celles rendues à l’automne 2018 par Santé publique France qui avait arrêté ses recherches sans avoir trouvé de cause commune à ces malformations survenues de manière rapprochée dans le temps et dans l’espace. Le dénouement, incompris par les familles, avait alors donné lieu à des critiques ainsi qu’à une controverse scientifique.
1,7 naissance sur 10.000
«Nous avons travaillé en urgence en raison de l’émoi suscité par l’affaire et en toute indépendance», a assuré le Pr Alexandra Benachi, présidente du comité d’experts et chef du service de gynécologie obstétrique de l’hôpital Antoine-Beclère de Clamart. Le groupe s’est réuni trois fois et a auditionné 11 personnes. «Notre première action a consisté à reprendre tous les dossiers médicaux des enfants concernés pour vérifier le diagnostic. L’ATMS est en effet une anomalie congénitale très spécifique qui concerne 1,7 naissance sur 10.000.» Plusieurs enfants, atteints d’un autre type de malformation, ont été exclus de l’enquête à l’issue de cette analyse. Trois cas ont été confirmés dans le Morbihan, six dans l’Ain et les investigations se poursuivent en Loire-Atlantique, département dépourvu de registre.
Bébés nés sans bras : Les familles se disent insatisfaites
«Nous avons le sentiment qu’on est en train de nous préparer à ce qu’on ne trouve jamais la cause de ces malformations», a déclaré Samuel Bernard, père d’une petite fille de 6 ans née à Guidel (Morbihan), jeudi soir, à l’issue de la présentation du premier rapport d’enquête du comité d’experts scientifiques. Et son cas n’est pas isolé. D’une même voix, les parents des enfants nés avec une agénésie transverse des membres supérieurs (ATMS) se déclarent «insatisfaits»et «déçus» par les recommandations du rapport.
«Après des mois d’attente et de relances, le comité retient un cluster (un nombre de cas anormalement élevé, NDLR) sur trois et ne propose pas grand-chose, à part des nouvelles recherches dans des bases de données», déplore le père de famille breton. «On attendait plus de réponses aujourd’hui, des hypothèses plus concrètes, des produits suspectés, mais rien», regrette pour sa part Isabelle Taymans-Grassin, maman d’une enfant concernée née dans le Morbihan, tandis que Flavie Benizri, représentante de l’association d’aide aux familles d’enfants nés avec une malformation des membres Assédea, déplore: «Ils n’exploreront pas la piste des produits (phytosanitaires) de contrebande» qui ont fait l’objet de saisies.
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Via : lefigaro