Ce que ça coûte de s’exprimer sur Israël-Palestine

par Thomas Vescovi

Personne ne devrait avoir à craindre de prendre la parole dans le champ médiatique, y compris pour exprimer des critiques à l’encontre de la politique israélienne. Pourtant chercheurs, journalistes ou responsables politiques préfèrent souvent ignorer le sujet, ou nuancer leur propos, plutôt que d’être la cible de la fachosphère et de ses relais institutionnels.

Après mon récent passage sur France 5dans l’émission «C ce soir», j’ai reçu beaucoup de messages de soutien, mais aussi quelques critiques et insultes. Rien de nouveau et tout cela aurait dû, comme à l’habitude, en rester là. Mais Florence Bergeaud-Blackler, dont les écrits lui ont valu le titre de «prophète» par Valeurs actuelles, a décidé de me prendre pour cible sur plusieurs tweets. En utilisant son statut de fonctionnaire au CNRS, elle multiplie les invectives et procès d’intention sur les réseaux sociaux, qui relèvent toujours davantage d’attaques personnelles que de critiques de fond. Dans mon cas, elle accuse France Télévisions de donner le micro à un «militant», un terme qui vise à disqualifier n’importe quel chercheur qui expose des analyses opposées aux siennes.

Il n’en fallait pas plus, le soir-même, à Pascal Praud pour décider de diffuser un extrait de mon passage à France 5 dans son émission sur CNews, «L’heure des pros 2», au plus fort de l’audience. Au programme : lecture des tweets de leur égérie et donner la parole à ses «chroniqueurs» pendant cinq minutes pour enfoncer le clou. Évidemment, les inconditionnels du soutien à Israël s’en sont donnés à cœur joie : dans l’objectif évident de me décrédibiliser, ils s’en prennent essentiellement à mon parcours, préférant partir sur le terrain personnel au détriment du fond. La rédaction de CNews avait pourtant jugé bon, à deux reprises en 2023, de me proposer d’intervenir sur leur plateau, ce que j’ai toujours refusé.

Peu importe les fantasmes de ces gens, le statut de «chercheur indépendant», c’est-à-dire d’activités de recherche effectuées en dehors d’un cadre universitaire, est le seul au nom duquel je peux m’exprimer dans les médias. Il n’y a aucune usurpation, et si c’était le cas, mes propres contradicteurs sur les plateaux n’hésiteraient pas à me le rappeler. Du reste, je refuse de me soumettre aux injonctions à justifier mon parcours ou ma légitimité. Analyses d’archives, études de terrain et de données statistiques, entretiens et suivi d’acteurs de premier plan : mes écrits et travaux parlent pour moi, et j’attends de celles et ceux qui ne les partagent pas qu’on en débatte. Il ne devrait être question que de cela.

Désigner une cible, la harceler d’insultes et de menaces, faire taire en terrorisant : voici les méthodes de l’extrême droite islamophobe et des inconditionnels d’Israël, les deux ayant largement convergé sous Netanyahou. Naturellement, tout cela ne peut pas être déconnecté d’un climat plus global de censure et de restriction de toute parole critique de la politique de l’État d’Israël. Si j’en ai été cette semaine la cible, d’autres en ont fait l’expérience par le passé.

C’est la principale raison qui m’a poussé à écrire cet article : mettre en lumière ces procédés, qui ne peuvent laisser indemne, et poussent nombre de chercheurs à s’autocensurer par peur d’être à leur tour victimes d’attaques personnelles. L’enjeu est donc profondément démocratique : en laissant de telles pratiques prospérer, la société risque à terme de plus en plus se priver des analyses et regards d’experts ou d’intellectuels reconnus, capables de proposer des clés de compréhension à des problématiques sensibles et de premier ordre.

source : Acrimed

3 Comments

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  1. Ce monsieur oublie que lui et sa clique font bien pire … des terroristes qui ont besoin de justifier leurs crimes … et d’attaquer tout ce qui est pour eux un obstacle … assassinats du 8 octobres, très nombreux assassinats en France au nom de l’Islam, agression et aliénation du Liban par les musulmans et leurs malades entre autre car la liste est extrêmement longue, quand on a rien à se reprocher on peut dénoncer, là c’est loin d’être le cas, vous n’êtes pas crédible du tout et même dangereux pour notre sécurité.

  2. Sérieux Fanantina tu peux pas arrêter de cracher ta haine. En t’imaginant écrire ton commentaire je pense à une personne la bave aux lèvres qui derrière son écran bombe le torse vu qu’il n’y a que la que tu peux le faire. Parle nous des 330000 enfants abusés par des prêtres et toutes les guerre qu’on a fait aux musulmans dans le monde. Parle nous de votre lâcheté lors du génocide de Srebrenica. Avant de regarder le derrière des autres regarde le tien et celui des tiens voir s’ils sont propres. Cordialement.

  3. Mais réveille toi un peu fanatica!! Même la télévision israélienne a avoué qu il n’ y a jamais eu de bébé ou de femme enceinte tué ni de massacre dans les crèches… Toujours la même technique de victimisation de leur part et malheureusement bcp de personnes qui ne réfléchissent plus par eux même tombent dans le panneau!
    Et je tiens à te rappeler que les Palestiniens ont été colonisés eux aussi, mais chez nous en France quand des français se battait contre le pays qui les a envahis on les appelait des résistants, les Palestiniens des terroristes… Tu m explique?

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