Le 3 juillet 2025, au très chic Carrousel du Louvre, le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) déroulait le tapis rouge pour son 39e dîner annuel, un événement où le Tout-Paris politique se presse pour prêter serment d’allégeance. Enfin, presque. Car Dominique de Villepin, lui, n’a pas eu besoin d’y poser un orteil pour faire trembler les dorures. Invité des Grandes Gueules sur RMC ce vendredi 4 juillet 2025 (voir vidéo en bas de l’article), l’ancien Premier ministre a dégainé une réplique qui restera dans les annales, visant directement le président du CRIF, Yonathan Arfi :
« Le CRIF devrait se rappeler qu’il n’est ni une institution d’État, ni un ministère des Affaires étrangères israélien. En France, on a encore le droit de critiquer un État, même Israël, sans être accusé d’antisémitisme. Le vrai danger, c’est cet amalgame systématique que vous faites entre juif et israélien, entre critique politique et haine raciale. Vous croyez défendre une communauté ? En réalité, vous la mettez en danger. Vous étouffez la liberté d’expression. Vous divisez le pays. La France n’est pas une extension du Likoud. Et vous n’êtes pas l’arbitre de ce qui peut être dit ou pensé ici. »
Boum. Un résumé qui claque comme un uppercut, et qui met en lumière l’arrogance d’une organisation qui, sous couvert de représenter la communauté juive française, se comporte comme un État dans l’État.
Un CRIF qui se rêve en censeur de la République
Reprenons. Lors de ce dîner, Yonathan Arfi, dans un élan de suffisance, a cru bon de qualifier de Villepin de « Mélenchon des beaux quartiers ». Une attaque mesquine, lancée devant un parterre de ministres et d’élus, qui n’a pas bronché – habitués, sans doute, à courber l’échine face à ce genre de sermon. Mais de Villepin, lui, n’a pas laissé passer. Sur RMC, il a démonté, avec la verve qu’on lui connaît, l’outrecuidance du CRIF. Car soyons sérieux : qui est ce CRIF pour se permettre de distribuer des bons et des mauvais points à des figures politiques de premier plan ? Une association, rappelons-le, qui prétend parler au nom de la communauté juive française – un sixième à peine de cette communauté, elle-même 1 % de la population hexagonale. Et pourtant, chaque année, c’est le même cirque : les politiques, de gauche comme de droite, se bousculent pour s’asseoir à la table du CRIF, comme si leur carrière en dépendait. Pathétique.
La laïcité à géométrie variable : où sont les catholiques ?
Et pendant ce temps, que voit-on ? Une République qui brandit la laïcité comme un étendard dès qu’il s’agit de pointer du doigt les musulmans ou de sermonner les catholiques, mais qui ferme les yeux quand le CRIF joue les petits chefs. Où est la cohérence ? Les catholiques, majoritaires en France, se voient régulièrement rappeler à l’ordre au nom de cette laïcité – un concept que certains soupçonnent de n’être qu’un faux nez pour la franc-maçonnerie et son agenda. Mais le CRIF, lui, peut se permettre de convoquer des ministres et de sermonner des anciens Premiers ministres sans que personne ne moufte. Deux poids, deux mesures. Et après, on s’étonne que la fracture sociale s’élargit.
Un CRIF qui falsifie et harcèle
Pire encore, de Villepin a rappelé un épisode sordide : les accusations mensongères portées contre lui par Arfi sur BFM, où il aurait soi-disant évoqué une « domination financière juive ». Des propos qu’il n’a jamais tenus, et pour lesquels l’Arcom a mis en demeure la chaîne, tandis que le conseil déontologique des journalistes a condamné cette manipulation. Mais Arfi, lui, n’a jamais présenté d’excuses. Au contraire, il persiste et signe, lançant ce que de Villepin qualifie de « chasse à l’homme » contre ceux qui osent penser différemment. Résultat ? L’ancien ministre, sa famille, ses enfants, reçoivent des menaces de mort quotidiennes. Voilà où mène l’arrogance du CRIF : à une polarisation dangereuse, à un climat de peur, et à une République qui vacille.
Pour une diplomatie française libre
Au-delà de cette passe d’armes, de Villepin a plaidé pour une diplomatie française qui retrouve son indépendance et son équilibre, loin des injonctions du CRIF ou des alignements atlantistes. « La France doit être un bouclier pour tous ses citoyens », a-t-il insisté, rappelant l’urgence de défendre les otages français en Iran ou les prisonniers en Algérie. Mais pour cela, il faut cesser de plier face aux pressions, qu’elles viennent du CRIF ou d’ailleurs. La France, a-t-il conclu, doit redevenir une voix de la nuance, de la justice, et de l’humanisme républicain. Un message qui, espérons-le, résonnera au-delà des plateaux de RMC.
Le CRIF doit redescendre sur terre
Le CRIF peut bien se rêver en faiseur de rois, en arbitre des consciences républicaines, il n’en reste pas moins une association parmi d’autres. Sa légitimité ne dépasse pas celle que lui accordent ses membres – une fraction minuscule de la population française. Alors, qu’il cesse de se prendre pour le nombril de la République. Et que les politiques, pour une fois, aient le courage de lui rappeler qu’en France, la souveraineté appartient au peuple, pas à une poignée de convives réunis autour d’un dîner mondain.