Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Je partage avec vous sur mon blog une interview que j’ai accordée en anglais à la revue ‘Counterpunch’, traduite ici, sur la possible assassinat d’Hugo Chávez. Je crois que maintenant, avec les menaces contre les gouvernements de gauche en Amérique Latine, ce sujet est plus important que jamais.
1. Croyez-vous qu’ Hugo Chávez a été assassiné et si oui, qui croyez-vous qui ait pu y être impliqué ?
Je crois qu’il y a de fortes possibilités pour que le président Chávez ait été assassiné. Il y a des tentatives notoires et documentées d’assassinat contre lui pendant toute sa présidence. La plus connue est celle du 11 avril, le coup d’Etat de 2002 pendant lequel Chávez a été enlevé et allait être assassiné s’il n’y avait pas eu le soulèvement sans précédent du peuple vénézuélien et des forces militaires loyales qui l’ont sauvé et l’ont ramené au pouvoir 48 heures plus tard. Moi-même, j’ai cherché des preuves irréfutables en utilisant la Loi d’Accès à l’Information aux Etats-Unis, que la CIA et d’autres agences états-uniennes étaient derrière ce coup d’Etat et ont soutenu économiquement, militairement et politiquement les putschistes. Ensuite, il y a eu d’autres attentats contre Chávez et son Gouvernement comme en 2004 quand des dizaines de paramilitaires colombiens ont été capturés dans une plantation dans les environs de Caracas qui appartenait à un activiste anti-chaviste, Robert Alonso, quelques jours avant qu’ils aillent attaquer le palais présidentiel et tuer Chávez.
Il y a eu un autre attentat, moins connu, qui fut découvert dans la ville de New York, pendant sa visite à l’Assemblée Générale des Nations Unies en septembre 2006. Selon les informations fournies par les services de sécurité, pendant les identifications de sécurité standard d’un événement au cours duquel Chávez s’adresserait au public états-unien dans une université locale, on a détecté de hauts niveaux de radiations sur la chaise sur laquelle il devait s’asseoir. Les radiations ont été découvertes par un compteur Geiger, un dispositif de détection des radiations aux mains de la sécurité du président utilisé pour s’assurer que le président n’était pas en danger d’être exposé aux rayons radio-actifs. Dans ce cas, la chaise a été retirée et le preuves démontrèrent ensuite qu’il émanait des quantités inhabituelles de radiations qui auraient pu causer des dommages importants à Chávez si elles n’avaient pas été découvertes. Selon la sécurité du président, une personne états-unienne qui avait été impliquée dans le soutien logistique de cet événement et avait fourni la chaise de Chávez appartenait au Renseignement des Etats-Unis.
Il y eut beaucoup d’autres attentats contre sa vie qui ont échoué à cause des services de Renseignement vénézuéliens et surtout, à cause de l’unité de contre-renseignement de la Garde Présidentielle qui se chargeait de découvrir et d’empêcher cette sorte de menaces. Une autre tentative connue est survenue en juillet 2010 quand Francisco Chávez Abarca (sans rapport), un terroriste qui travaillait avec le terroriste d’origine cubaine Luis Posada Carriles, responsable d’avoir mis une bombe dans un avion cubain en 1976 et d’avoir tué les 73 passagers à bord, fut arrêté en entrant au Venezuela et ensuite avoua qu’il avait été envoyé pour assassiner Chávez. Seulement 5 mois auparavant, en février 2010, quand le président Chávez se trouvait à une manifestation près de la frontière avec la Colombia, sa sécurité a découvert un franc-tireur à un peu plus de 2 km qui fut neutralisé ensuite.
Même si ces histoires peuvent passer pour des fictions, elles sont largement documentées et sont très réelles. Hugo Chávez défiait les intérêts les plus puissants et a refusé de s’agenouiller. En tant que chef d’Etat de la nation possédant les plus grandes réserves de pétrole de la planète, et en tant que quelqu’un qui défiait ouvertement et directement les Etats-Unis et le dominion occidental, Chávez fut considéré comme un ennemi de Washington et de ses alliés.
Alors, qui pourrait être impliqué dans l’assassinat de Chávez s’il a été assassiné ? Certainement, il n’est pas difficile d’imaginer que le Gouvernement états-unien serait impliqué dans l’assassinat politique d’un ennemi qu’eux, clairement – et ouvertement – voulaient voir disparaître. En 2006, le Gouvernement des Etats-Unis a créé une mission clandestine spéciale de Renseignement pour le Venezuela et Cuba sous la Direction Nationale du Renseignement. Cette unité d’élite du Renseignement était chargée d’étendre les opérations secrètes contre Chávez et de diriger des missions clandestines à partir d’un centre de fusion du Renseignement (CIA-DEA-DIA) en Colombie. Certaines des pièces clefs de cette histoire comprennent la découverte de plusieurs collaborateurs proches de Chávez qui avaient un accès privé à sa personne, sans obstacles, qui ont fui le pays après sa mort et collaborent activement avec le Gouvernement des Etats-Unis. S’il avait été assassiné par un certain type d’exposition à de hauts niveaux de radiations ou par inoculation ou infection d’un virus qui causera le cancer d’une autre façon, cela aurait été fait par quelqu’un qui avait la possibilité de l’approcher et en qui il avait confiance.
2.Qui est Leamsy Salazar et comment est-il en relations avec les agences de Renseignement des Etats-Unis ?
Leamsy Salazar a été l’un des collaborateurs les plus proches de Chávez pendant presque 7 ans. C’était un Capitaine de Corvette de la Marine du Venezuela et il s’est fait connaître pendant le coup d’Etat contre Chávez en avril 2002 quand il hissa le drapeau du Venezuela sur le toit du régiment de la Garde Présidentielle au palais présidentiel de Miraflores quand le sauvetage de Chávez était en marche. Il devint un symbole des forces armées loyales qui ont aidé à renverser le coup d’Etat et Chávez l’a récompensé en faisant de lui l’un de ses aides les plus proches. Salazar était à la fois un aide de camp et un assistant de Chávez qui, à certains moments, lui amenait son café et son repas, était à ses côtés, voyageait avec lui dans le monde entier et était chargé de le protéger pendant les manifestations publiques. Et je l’ai rencontré plusieurs fois dans les années où j’étais avec Chávez. C’était l’un des visages connus qui protégeaient Chávez depuis plusieurs années. C’était un membre clef du premier cercle de sécurité de Chávez, avec un accès privé à Chávez et une connaissance privilégiée et hautement confidentielle de ses aventures, de ses habitudes et de ses activités privées.
Après la mort Chávez en mars 2013, Leamsy fut transféré à l’équipe de sécurité de Diosdado Cabello qui était alors président de l’Assemblée Nationale du Venezuela et considéré comme une des figures politiques et militaires les plus puissantes du pays. Cabello fut l’un des alliés les plus proches de Chávez. Il faut signaler que Leamsy a été auprès de Chávez pendant la majeure partie de sa maladie et jusqu’à sa mort et qu’il avait un accès privilégié accordé à très peu de gens même dans son équipe de sécurité.
Une autre explication de son entrée das le programme de protection des témoins des Etats-Unis pourrait être sa participation à l’assassinat de Chávez, probablement dans le cadre d’une opération clandestine (‘black op’) de la CIA ou peut-être même réalisé sous les auspices de la CIA mais exécutée par des agents corrompus ou achetés du gouvernement vénézuélien. Par exemple, les « Papiers de Panama » ont révélé des informations sur une autre ex adjudant de Chávez, le capitaine de l’Armée Adrián Velásquez qui était en charge de la sécurité du fils d’Hugo Chávez. La femme du capitaine Velásquez, ex officier de Marine, Claudia Patricia Díaz Guillén, a été l’infirmière de Chávez depuis plusieurs années et avait un accès privé à sa personne sans contrôle. D’autre part, Claudia administrait les médicaments, les vaccins, et d’autres services de santé et d’aliments à Chávez pendant plusieurs années. Juste un mois avant que sa maladie ne soit découverte en 2011, Chávez nomma Claudia Trésorière du Venezuela, mettant sous son contrôle l’argent du pays. Elle fut séparée de cette charge justement après la mort de Chávez.
Le capitaine Velásquez et Claudia apparaissent dans les « Papiers de Panamá » en tant que propriétaires d’une entreprise fantôme avec des millions de dollars. Ils ont aussi des propriétés dans une zone très couteuse de la République Dominicaine, Punta Cana, où les maisons coûtent des millions de dollars. Soi-disant, il s’est installé là depuis au moins juin 2015. Les documents montrent que juste après la mort de Chávez, quand Nicolás Maduro a été élu président en avril 2013, le capitaine Velásquez a ouvert une compagnie ‘offshore’ le 18 avril 2013 avec la firme panaméenne Mossack Fonseca, intitulée Bleckner Associates Limited. Une firme suisse d’investissement financiers V3 Capital Partners LLC, affirmé qu’elle gérait les fonds de millions de dollars du capitaine Velásquez. Il est impossible qu’un capitaine de l’Armée du Venezuela ait gagné autant d’argent par son travail légitime. Ni lui ni sa femme, Claudia, ne sont rentrés au Venezuela depuis 2015.
Le capitaine Velásquez était très proche de Leamsy Salazar, de plus amis et collègues de travail.
3.Pouvez-vous expliquer les circonstances suspectes dans lesquelles Salazar fut transporté d’Espagne par la sécurité des Etats-Unis dans un avion appartenant à la Drug Enforcement Administration (DEA)?
Evidemment, il est très suspect que Salazar ait été transporté d’Espagne où semble-t-il, il était en vacances avec sa famille et amené aux Etats-Unis dans un avion de la DEA. Il n’y a aucun doute qu’il collaborait avec le gouvernement des Etats-Unis et trahi son pays. Ce qui reste à voir, c’est son rôle exact. A-t-il administré le venin assassin à Chávez, ou l’a-t-il fait en collaboration avec ses associés, la capitaine Velásquez et l’infirmière-trésorière Claudia?
Même si tout cela peut sembler une théorie de la conspiration, ce sont des faits qui peuvent être vérifiés de façon indépendante. Il est également certain, selon des documents déclassifiés des Etats-Unis que, depuis 1948, l’Armée des Etats-Unis développait une arme de radiation injectable à utiliser dans des assassinats politiques contre leurs ennemis. Lors des audiences de la Commission Church sur l’assassinat de Kennedy, a aussi été révélée l’existence d’une arme d’assassinat développées par la CIA pour provoquer des attaques cardiaques et un cancer des tissus. Chávez est mort d’un cancer agressif des tissus. Au moment où il a été détecté, il était déjà trop tard. Il y a une autre information documentée sur le développement d’un « virus du cancer » qui était en préparation dans les années 60 pour soi-disant, l’utiliser contre Fidel Castro. Cela peut sembler de la science fiction mais il suffit de chercher et de voir que c’est sûr. En tant qu’avocate et journaliste d’investigation, je cherche toujours des preuves convaincantes et de multiples sources vérifiables. Même si nous regardons seulement le document officiel de l’Armée des Etats-Unis rédigé en 1948, c’est un fait que le Gouvernement des Etats-Unis était en train de développer une arme de radiation pour l’assassinat politique. Plus de 60 ans plus tard, nous ne pouvons qu’imaginer les capacités technologiques existantes.
4.Sur le plan personnel, pourriez-vous nous dire ce que la perte d’Hugo Chávez a signifié pour vous et quel impact sa mort a eu sur le peuple du Venezuela?
La perte d’Hugo Chávez a été écrasante et dévastatrice. C’était mon ami et j’ai été sa conseillère pendant presque 10 ans. Le vide qu’il a laissé est impossible à remplir. Il avait un énorme cœur et réellement, il se consacrait à construire un pays meilleur pour son peuple et un monde meilleur pour l’humanité. Il se préoccupait beaucoup de tout le monde mais, en particulier, des pauvres, des abandonnés, des marginalisés. Il y a une photo de Chávez prise par quelqu’un, ce n’était pas une photo officielle, après une manifestation dans le centre de Caracas après laquelle il avait marché sur une grande place qui avait été déplacée pour cause de sécurité. Tout à coup, Chávez a vu un homme jeune, décoiffé et apparemment drogué, à peine capable de rester debout, vêtu de vêtements sales. Au grand dam de sa sécurité, Chávez s’est approché du jeune affectueusement, l’a embrassé et lui a offert une tasse de café. Il ne l’a pas jugé, ne lui ai pas fit de reproches. Lui, il l’a traité comme un être humain qui méritait d’être traité avec dignité. Il est resté là, avec lui, un moment, simplement racontant des histoires et plaisantant comme de vieux amis. Quand il a dû s’en aller, Chávez l’a indiqué à un de ses gardes pour qu’on lui apporte toute l’aide dont ce jeune avait besoin.
Il n’y avait pas de caméras là, ni la télévision, ni le public. Ce n’a pas été un truc publicitaire. Il était réagissait simplement affectueusement et avec une inquiétude sincère et vraie face à un être humain nécessiteux. Bien qu’il soit président et un puissant chef d’Etat, Chávez s’est toujours vu comme égal à tous.
Sa mort inattendue a eu un impact tragique au Venezuela. Malheureusement, le pays passe par des moments extrêmement difficiles. Une combinaison de corruption intérieure et de sabotage extérieur par les forces d’opposition (avec le soutien de l’étranger), la forte chute des prix du pétrole ont paralysé l’économie. Les Agences des Etats-Unis et leurs alliés au Venezuela ont profité de l’occasion pour déstabiliser encore plus et détruire tous les restes du chavisme. Maintenant, il s’agit de ruiner et d’effacer l’héritage de Chávez mais je crois que c’est impossible. La mémoire de Chávez qui vit dans les millions de personnes sur lesquelles il a eu un impact en améliorant leur vie sera capable de supporter la tourmente. Le « chavisme » est devenu une idéologie fondée sur les principes de justice sociale et sur la dignité humaine. Mais le regrettons-nous terriblement ? Oui.
Chavez a-t-il été empoisonné par son garde du corps lié à la CIA ?
Traduit par Poolan Devi, vérifié par Wayan, relu par Diane pour le Saker Francophone.
image: https://fr.sott.net/image/s15/311104/medium/or_37029.jpg
La journaliste Eva Golinger (États-Unis – Venezuela) s’est interrogée à plusieurs reprises sur les circonstances suspectes entourant la mort du président vénézuélien Hugo Chávez. Le site aporrea.org cite sa déclaration: «Tout ce que Washington cherchait à atteindre au cours de l’administration de Hugo Chávez est aujourd’hui en train d’être réalisé en son absence. La maladie cancéreuse dont Chávez a souffert était inhabituellement agressive et suspecte, et chaque jour apporte plus de preuves qu’il est possible que Chávez ait été assassiné.»
Les premiers signes de cancer ont été trouvés chez Chávez en mai 2011. En juin, il a subi deux interventions chirurgicales dans un centre spécialisé à La Havane. Ses chirurgiens cubains ont trouvé et enlevé une tumeur maligne qui avait métastasé avec une persistance sinistre, en dépit de toutes les mesures préventives. De nouvelles opérations ont été nécessaires. Cet homme athlétique, qui était plein de force et physiquement robuste, est décédé le 5 mars 2013 à l’âge de 58 ans.
En s’étendant sur ce sujet, Eva Golinger écrit, «Il suffit de savoir qu’un homme qui avait été, depuis plusieurs années, l’un de ses plus proches collaborateurs, qui était souvent seul avec lui et lui a apporté sa nourriture, du café et de l’eau, est maintenant un témoin protégé aux États-Unis. Bientôt les actions secrètes de Leamsy Salazar et sa collaboration étroite avec les agences de renseignement à Washington seront dévoilées ».
Le nom du garde du corps en chef de Hugo Chávez a rarement été mentionné dans les médias alors que le président était en vie. En raison de la nature de son travail, Leamsy Villafaña Salazar évitait la publicité, n’a pas aimé être photographié, et a essayé de rester dans l’ombre. Chávez le considérait comme un officier bolivarien fiable, incorruptible, et professionnel. Ce fut précisément de cette façon que le président l’a décrit dans une émission de télévision sur le coup d’État pro-américain tenté en avril 2002. Des conspirateurs avaient réussi à renverser Chávez pendant trois jours, mais avec le soutien du peuple et de l’armée, il est retourné triomphalement au palais présidentiel Miraflores.
Depuis le toit de son palais, il a été accueilli par les militaires, parmi lesquels Salazar était facilement visible, agitant victorieusement le drapeau vénézuélien. Cette image est devenue le symbole de la victoire sur la contre-révolution.
Curieusement, on connaît peu Salazar, et surtout à partir de sources américaines plutôt fermées. Il est né en 1974 dans une grande famille vivant à Petare, un quartier de taudis dans la capitale vénézuélienne. Après le lycée, il est entré dans l’académie navale, diplômé en 1998. Il était un étudiant médiocre, terminant 27eme de sa classe de 55. Néanmoins, en 1999 Salazar a été choisi pour être faire partie de la garde d’honneur présidentielle Tito Rincón Bravo, le ministre vénézuélien de la Défense et le père de la première femme de Leamsy, a joué un rôle important dans cette nomination. Salazar est devenu un assistant personnel de Chávez. Ce travail comportait une charge de travail très intense, en raison du rythme effréné de la vie du président.
Après les événements de 2002, Salazar a été inopinément affecté à une base navale dans les provinces – à Punto Fijo (État de Falcón) – mais en 2006, Chávez a ordonné le retour de Salazar à ses anciennes fonctions de sécurité.
Après la mort de Chávez, Salazar a assuré la sécurité pour le président de l’Assemblée nationale, Diosdado Cabello. Mais des bizarreries dans le comportement de Salazar ont mis Cabello mal à l’aise. A cette époque, le débat faisait rage sur les causes de la mort de Chávez et les personnes qui pourraient avoir été impliqués, et ainsi Cabello a finalement demandé au ministre de la Défense de transférer Salazar à un autre poste. À un certain moment au cours de cette période, Salazar s’est marié une fois de plus. Sa nouvelle épouse était Anabel Linares Leal, diplômée de l’académie militaire, qui avait reçu son épée d’officier des mains même du président Chávez. Pendant un certain temps Anabel a travaillé aux comptes financiers des forces armées vénézuéliennes à Banco Bicentenario, ce qui signifie qu’elle a eu accès à des informations secrètes sur les achats d’armes à l’étranger. Les jeunes mariés ont demandé l’autorisation de se rendre en République dominicaine pour leur lune de miel. Cette autorisation a été accordée et le couple a directement rejoint Saint-Domingue, mais de là, il a pris un avion pour l’Espagne. Un avion spécial appartenant à la Drug Enforcement Administration (DEA) (lutte contre la drogue) a ramené Salazar et sa famille d’Espagne aux États-Unis.
Voici comment Emili J. Blasco, un correspondant à Washington pour le journal espagnol ABC qui a souvent servi de porte-parole à la propagande des services de renseignement des États-Unis, a décrit l’évasion de Salazar. Il a affirmé que, en Espagne, les Américains avaient soumis les Salazar à de longs interrogatoires afin de déterminer les «véritables objectifs de leur rupture avec le régime».
Les histoires sur Salazar dans les médias internationaux, qui étaient semblables dans le ton et provenaient manifestement de la même source, soulignent que, quand Chávez était vivant, Salazar avait été un «bolivarien engagé», mais que, après sa mort, Salazar avait décidé de rompre avec le régime. Par conséquent, Salazar avait tenu des négociations secrètes avec la DEA pendant 13 mois, non seulement pour organiser son évasion, mais aussi pour obtenir certaines promesses concernant sa propre sécurité, ainsi que celle de sa femme et de ses enfants. Mais la CIA n’est pas mentionnée, seulement la DEA. La raison en est claire – la CIA est une agence d’espionnage, et tout indicateur de possibles liens secrets de longue date avec ce «bureau de tueurs à gages» était quelque chose que les protecteurs de Salazar ont essayé d’éviter, sachant que le SEBIN (Servicio Bolivariano de Inteligencia Nacional de Venezuela), agence de contre-espionnage du Venezuela, allait enquêter sur l’histoire de son implication dans l’assassinat de Chávez.
Maintenant, le couple est aux États-Unis, vivant sous protection fédérale, et ils donnent des témoignages sur un large éventail de questions, mais surtout sur la participation des différentes figures du régime bolivien dans le trafic de drogue, y compris les chefs militaires. Il faut garder à l’esprit que, bien avant que Salazar ne réalise son évasion, les agences de renseignement américaines avaient commencé à planter de fausses informations dans les médias sur l’existence d’un soi-disant Cartel des soleils (Cartel de los Soles), qui aurait été dirigé par Diosdado Cabello et un groupe de généraux vénézuéliens ayant des liens avec lui. Cabello a été compromis, en tant que mesure préventive, parce que les agences de renseignement américaines l’ont vu comme le successeur le plus probable de Chávez, mais ayant des opinions plus radicales anti-américaines. Immédiatement après son évasion, Salazar a été recruté dans cette campagne de dénigrement contre Cabello. Certains des renseignements obtenus à partir de Salazar (ou plutôt de ses gestionnaires dans la CIA et la DEA) ont été utilisés par Emili J. Blasco dans son livre Bumeran Chávez, qui a été publié simultanément à Washington et à Madrid en Avril 2015.
En particulier, Salazar a raconté comment il avait accompagné Diosdado Cabello dans une excursion au cours de laquelle il avait été témoin de la «participation directe» du chef du parlement (!) dans la répartition, tard le soir, de la drogue dans des vedettes rapide dans la péninsule de Paraguana, État de Falcón. À qui ces drogues étaient destinées et pourquoi cela a été fait si près des îles d’Aruba et de Curaçao, où le Pentagone a des postes de surveillance, ainsi que des stations de la CIA et des bureaux de la DEA, Salazar ne l’a pas expliqué. Basé sur le commentaire de Blasco, on peut conclure que les bateaux se dirigeaient vers Cuba! De plus, Salazar a affirmé que tout en accompagnant Cabello, il a également eu l’occasion de voir ses «coffres secrets blindés remplis de monnaie américaine», avec des «montagnes sur montagnes de billets, du sol au plafond». C’est à cela que la cachette d’un seigneur de la drogue ressemble dans un film de Hollywood. Selon le récit de Salazar – ou plutôt, l’histoire de couverture que les services de renseignement américains rêvaient pour lui – les problèmes rencontrés par l’un des gardes qui a refusé de prendre part aux trafic de drogue ont été la goutte faisant déborder le vase, ce qui a suscité la décision de Salazar de fuir : «Ils menaçaient d’exterminer physiquement l’homme ».
Les médias pro-américains font tout leur possible pour dissimuler les questions qui se posent inévitablement sur la participation de Salazar dans les préparatifs de l’assassinat de Chávez. Ils prétendent qu’il ne peut y avoir aucun doute sur Salazar : il a honorablement servi le régime et idolâtré Chávez jusqu’à ce qu’il réalise que ceux immédiatement au-dessus de lui étaient mêlés au trafic de drogue. Toutefois, l’enquête menée par SEBIN soulève des doutes quant à «l’attitude impeccable» de Salazar. Même sa mère a admis que le travail de Leamsy dans la garde présidentielle pesait lourdement sur lui. Mais il n’était pas pressé de se séparer de Chávez, parce que le premier employeur de Salazar était quelqu’un d’autre, et ces gens ont insisté pour qu’il s’acquitte strictement de ses fonctions.
De récentes révélations médiatiques au sujet des liens entre le Cartel des soleils du Venezuela et le cartel de Sinaloa ont démontré l’imagination et la verve avec laquelle les agences de renseignement américaines fabriquent des affaires, avec l’intention de compromettre leur ennemi. Prétendument, Chapo Guzmán était lui-même au Venezuela en août et septembre 2015, afin de discuter des projets communs. Il a été fait mention de ses voyages pour business dans le pays en 2009 et 2010 et de la nature chaleureuse de ses relations avec le général Hugo Carvajal, un proche collaborateur de Diosdado Cabello. C’est le même Carvajal que la DEA a essayé d’enlever sur l’île d’Aruba durant l’été 2014 – en dépit de son passeport diplomatique – et de l’embarquer pour les États-Unis comme trafiquant de drogue. Les fonctionnaires de l’île ont empêché que cela se produise, et le général retourna au Venezuela, où il fut accueilli par le président Maduro, Diosdado Cabello, et d’autres leaders bolivariens comme un héros. Il serait naïf de penser que la chasse de la DEA pour Carvajal soit terminée. Il est toujours sur leur wanted liste en raison de preuves fabriquées par des agents américains. Cette liste comprend également les noms d’autres personnes que la DEA a identifiées comme les meneurs du Cartel des soleils.
Les déclarations de Salazar sont fortement en désaccord avec l’image de l’honorable patriote qu’il avait déjà cultivé. Tout à fait révélatrices sont les allégations de Salazar que Chávez est mort non pas en mars 2013, mais en décembre 2012. Apparemment toute la famille de Chávez a pris part à cette ruse, ainsi que les membres du gouvernement bolivarien, les dirigeants de Cuba, et le contre-espionnage cubain. Cela a été fait afin de préserver la continuité de l’autorité du gouvernement de servir les intérêts des factions de Maduro. Ainsi, chaque décret et résolution signée par le président après Décembre peuvent être déclarés frauduleux, et illégal le gouvernement Maduro.
Pendant ce temps, le brouhaha des rapports des dirigeants vénézuéliens avec les affaires de drogues se fait plus fort. Le plan conçu par le renseignement américain est tout à fait évident : distraire le grand public du fait que Salazar soit le candidat le plus susceptible d’avoir tué Chávez. Les médias bolivariens appellent Salazar «Juda». Les agences officielles (et non officielles) au Venezuela recueillent des preuves de ses activités criminelles, ses réunions clandestines avec des représentants de la CIA et de la DEA, et la possibilité qu’il ait donné l’information aux Américains des itinéraires de voyage du président et des individus qu’il avait prévu de rencontrer, ainsi que des données biologiques de Chávez.
Les Américains font de leur mieux pour empêcher ce travail. A Madrid, par exemple, la station de la CIA a fabriqué une crise entourant le personnel vénézuélien de l’attaché du Bureau de la Défense, les accusant d’espionnage au profit des membres de l’opposition . Mais bien sûr, la vraie question est tout à fait différente – la menace de révélations sordides au sujet de l’assassinat de Chávez. À l’heure actuelle, il est difficile de dire exactement qui va révéler toute la vérité. Cela pourrait finir par être un idéaliste comme Snowden – quelqu’un qui considère que lyncher un homme politique comme cela est inacceptable. Il y a espoir qu’une incitation matérielle puisse se révéler efficace : les dirigeants du Venezuela ont décidé d’offrir une récompense financière pour toute information spécifique sur les personnes qui ont coordonné et exécuté l’assassinat de Hugo Chávez.
Sources :
https://fr.sott.net/article/28120-Eva-Golinger-sur-l-assassinat-d-Hugo-Chavez-par-Washington
https://fr.sott.net/article/27977-Chavez-at-il-ete-empoisonne-par-son-garde-du-corps-lie-a-la-CIA