Selon une étude publiée ce mercredi, le leader mondial de la croisière de luxe, Carnival Corporation, asphyxie les côtes européennes en éméttant à lui seul plus d’oxyde de soufre que l’ensemble des véhicules du continent. En mer, les teneurs en soufre admises sont jusqu’à 1500 fois plus élevées que celles autorisées pour le diesel des voitures (1,5 % contre 0,001 %).
Plus de 7 millions de passagers et 20 milliards d’euros de retombées économiques: en Europe, le succès de la croisière ne se dément pas. Costa, MSC, CroisiEurope ou encore Ponant: un total de 40 compagnies de croisières, gérant 137 navires, sont domiciliées en Europe, où 75 autres navires sont également déployés par une vingtaine de compagnies non européennes. En 2018, un total de 7,17 millions de passagers européens ont effectué une croisière maritime, soit une progression de 3,3% sur un an. Pourtant, au-delà de l’enjeu économique, les navires de croisière représentent un risque majeur de santé pour les populations vivant dans les grandes villes portuaires européennes.
Selon un rapport publié ce mercredi par l’ONG Transport & Environment, le leader mondial de la croisière de luxe, Carnival Corporation, a émis à lui seul en 2017 dix fois plus d’oxyde de soufre autour des côtes européennes que l’ensemble des 260 millions de voitures du parc européen. Un chiffre colossal pour une entreprise qui possède une flotte de 94 bateaux, dont la moitié opère en Europe. Le numéro deux mondial, Royal Carribean, notamment propriétaire du plus gros paquebot du monde – le Symphony of the Seas – en a, lui, rejeté quatre fois plus.
60.000 décès prématurés par an
Le Vieux Continent est la deuxième destination pour les croisières, derrière les Caraïbes. En Méditerranée, Barcelone est le premier port en nombre de passagers, suivi par Civitavecchia, Palma de Majorque, Marseille et Venise. L’Espagne, l’Italie, la Grèce, la France et la Norvège sont donc les pays les plus exposés aux émissions de dioxyde de soufre, selon l’étude de Transport & Environment. À Marseille, huitième ville la plus impactée du continent, les 57 bateaux de croisière qui y ont fait escale en 2017 ont émis quatre fois plus de dioxyde de soufre que tous les véhicules circulant en ville.
En 2015, des chercheurs de l’université de Rostock, en Allemagne, avaient déjà alerté sur les effets de la pollution liée au transport maritime, qui serait responsable de 60.000 décès prématurés par an en Europe. L’une des principales raisons serait la qualité médiocre des carburants utilisés par ces mastodontes des océans: un fioul lourd dont les émanations sont bien plus toxiques que le diesel, pourtant lui aussi décrié.