La France se dirige droit vers un déremboursement total de l’homéopathie

Bientôt le tout chimique…
La Haute Autorité de Santé a rendu public ce vendredi son avis, lequel est clairement en faveur du déremboursement de l’homéopathie.

Mais la décision finale reviendra à la ministre de la Santé.

Les défenseurs de cette pratique s’organisent pour demander aux politiques de ne pas aller en ce sens, ou pour obtenir un moratoire.Sans surprise, la Haute Autorité de Santé (HAS) a donc confirmé, lors d’une conférence de presse ce vendredi matin son avis favorable au déremboursement de l’homéopathie. Et sans surprise, les laboratoires qui vendent ces granules se disent outrés, au premier rang desquels Boiron, leader mondial et fleuron national. « Nous avons été malmenés depuis un an », se plaint notamment  Valérie Lorentz-Poinsot, directrice générale de Boiron. Mais maintenant, à quoi s’attendre ?

Un avis critiqué

« C’est la première fois qu’on évaluait l’homéopathie dans notre pays », rappelle Dominique Le Guludec, présidente de la HAS, se targuant d’avoir travaillé avec rigueur et sans dogmatisme. Pendant neuf mois, l’autorité de santé a analysé un millier d’études, les trois laboratoires (Boiron, Weleda et Lehning) ont été entendus, des associations de patients auditionnées… Pour que, finalement, la commission de transparence de la HAS vote dans sa grande majorité – un seul médecin généraliste s’étant abstenu sur 30 experts – pour le déremboursement. Et rende un avis limpide : « L’ensemble de ces données n’a pas conclu à un avantage clinique par rapport au placebo », résume Mathilde Grande, chef de service de l’évaluation des médicaments à la HAS.
« Nous contestons cet avis, qui ne rend pas service à la santé des Français et aux finances publiques, en ignorant la spécificité des médicaments homéopathiques », répond la directrice de Boiron. Et Charles Bentz, président du syndicat national des médecins homéopathes (SNMH), de préciser : « On ne peut pas calquer la méthode d’évaluation de n’importe quel antibiotique pour un médicament homéopathique qui a une indication individualisée ». Boiron, le SNMH et l’association homéo-patients appellent donc le gouvernement à ne pas suivre l’avis de la HAS.
« Nos patients sont vent debout et révoltés, nous comptons bien renverser la vapeur », promet ainsi Charles Bentz, qui argumente que ce serait une attaque à la liberté de choix des patients. De son côté, le syndicat de généralistes Les Généralistes-CSMF s’est exprimé via communiqué : « Les médecins homéopathes déplorent que le comité d’experts n’ait comporté aucun expert homéopathe ». « Etant donné l’importance de l’homéopathie en France, nous demandons qu’un débat parlementaire soit organisé, suivi d’un débat public », renchérit Valérie Lorentz-Poinsot.

Demande d’un moratoire

Autre demande des adeptes et entreprises de l’homéopathie : un moratoire pour maintenir ce remboursement à hauteur de 30 %, le temps de mener une grande étude pour évaluer l’intérêt pour la santé publique. Une enquête a fait l’objet de beaucoup d’attention, à la fois du côté de la HAS et des labos.
 EPI3, c’est son petit nom, a évalué l’intérêt en santé publique de l’homéopathie pour trois pathologies : les troubles du sommeil, les troubles musculo-squelettiques et les infections des voies aériennes. « Un patient soigné par homéopathie consomme 3 à 4 fois moins de psychotropes, 2,3 fois moins d’antibiotiques, sans aucune aggravation de sa pathologie, avance Patrick Blin, médecin de santé publique spécialisé en pharmacologie. En clair, un patient suivi par un homéopathe coûte 35 % moins cher que celui qui va voir un médecin allopathe. » « Un résultat qui pourrait faire rêver un ministre de la Santé ! », ironise la directrice de Boiron.
Le groupe espère donc pouvoir élargir cette étude en se basant sur les données de remboursement de la Sécu. Tant que ces médicaments homéopathiques sont remboursés… Du côté de la HAS, cette question d’impact sur la santé publique (qui n’est pas la même que l’efficacité) a été abordée. « Mais il y a un biais dans cette étude, car le patient qui va chez un médecin homéopathe n’a pas les mêmes attentes et comportements que celui qui va chez un généraliste non homéopathe », justifie Mathilde Grande.

Une décision bientôt ?

Précision importante, cet avis n’est que consultatif. La ministre de la Santé, qui avait missionné la HAS il y a un an, prendra la décision en dernier ressort. Si elle s’est engagée à suivre l’avis de la HAS, Agnès Buzyn s’est montrée peu pressée jeudi, au micro de France 2, rappelant qu’elle avait pris la décision de dérembourser les médicaments contre la maladie d’Alzheimer un an après l’avis de la HAS. Ce qui laisse le temps aux pro-homéopathie de se mobiliser. Ce vendredi, quelques centaines de personnes se sont ainsi rassemblées devant les Invalides, à Paris, et devant l’Hôtel de ville de Lyon, à l’appel du collectif « MonHoméoMonChoix ».

Quelles conséquences économiques ?

Les pro-homéopathie soulignent que les économies pour la collectivité s’annoncent minimes… « L’homéopathie représente 0,29 % du montant du remboursement de tous les médicaments », avance la directrice de Boiron. Selon les données de l’Assurance Maladie, en 2018, cette enveloppe pesait 126,8 millions d’euros sur 20 milliards, soit environ 0,6 %. Il faut rappeler que toutes les préparations homéopathiques ne sont pas remboursées (certaines spécialités comme Camilia, Cocculine ou Oscillococcinum ne peuvent être prescrites). Et côté manque à gagner du côté des laboratoires ? Boiron avance que 70 % de son chiffre d’affaires est réalisé par des médicaments remboursables, et que toutes les études prouvent qu’un médicament qui n’est plus remboursé perd 50 % de son chiffre d’affaires la première année.
Un calcul applicable aux produits homéopathiques, à la fois peu chers (en moyenne de 2,70 euros pour Boiron), et auxquels les adeptes sont très attachés ? Boiron a en tout cas fait ses calculs et assure que si l’avis de la HAS était suivi, 1.000 de ses emplois, sur les 2.500 qui se trouvent en France, seraient menacés. « D’autant que nous travaillons avec 2.000 fournisseurs français, cela concerne beaucoup de salariés derrière », avertit la directrice de Boiron. Qui a précisé à la presse avoir eu des rendez-vous cette semaine à Bercy, ainsi qu’au ministère du Travail.

Inquiétudes pour toute la discipline

« Il ne s’agit pas de savoir s’il faut ou pas prendre de l’homéopathie, mais de juger de la démonstration de son efficacité », martèle Dominique le Guludec, à la tête de la HAS. Autre son de cloche du côté des défenseurs de l’homéopathie. « Nous ne sommes pas naïfs, c’est toute la pratique qui est remise en cause : certains souhaitent que les universités n’enseignent plus cette discipline, que les médecins ne puissent plus en prescrire, corrige Joël Siccardi, président de l’association Homéo-patients.
 L’inquiétude, pour le président du syndicat des médecins homéopathes, concerne surtout la formation des jeunes médecins. « Quid des prescriptions d’homéopathie d’ici à dix ans ? », interroge Charles Bentz. Pour lui, confier à des non-médecins la prise en charge homéopathique des patients, comme le souhaite le collectif No Fakemed, serait dramatique. « Moi, je suis capable de dire à un patient qu’il ne peut pas remplacer l’insuline par l’homéopathie », argumente le généraliste. Pas sûr que cet avis mettra un point final à la polémique.
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