Le président russe Vladimir Poutine a annoncé jeudi 29 décembre un accord de cessez-le-feu entre le régime syrien et l’opposition armée en Syrie, pilonnée par la guerre depuis 2011, ont rapporté les agences de presse russes. « Trois documents ont été signés : le premier est entre le gouvernement syrien et l’opposition armée sur le cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire syrien », a déclaré Vladimir Poutine en précisant qu’un autre document porte sur des négociations de paix.
L’armée syrienne a immédiatement confirmé « un arrêt total des opérations militaires » qui doit entrer en vigueur à minuit sur tout le territoire syrien, selon un communiqué publié par l’agence de presse officielle Sana. Ce cessez-le-feu exclut toutefois les djihadistes du groupe État islamique (EI) ainsi que ceux du Front al-Nosra, l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda rebaptisée Fateh al-Cham, selon le communiqué. La Coalition nationale syrienne (CNS), la principale formation de l’opposition en exil, a également réagi favorablement. « La coalition nationale apporte son soutien à l’accord, et appelle toutes les parties à s’y soumettre », a précisé son porte-parole Ahmad Ramadan.
Réduction de la présence militaire russe
Par ailleurs, Vladimir Poutine a annoncé une « réduction » de la présence militaire russe en Syrie, où l’armée mène une campagne de frappes aériennes en soutien au régime de Damas depuis septembre 2015. « Je suis d’accord avec la proposition du ministère de la Défense sur une réduction de notre présence militaire en Syrie », a indiqué Vladimir Poutine, lors d’une rencontre télévisée avec ses ministres de la Défense et des Affaires étrangères. Mais « nous allons absolument poursuivre la lutte contre le terrorisme international », a-t-il précisé.
Plus tôt, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu avait annoncé sur la chaîne de télévision A Haber qu’Ankara et Moscou travaillaient à la mise en place d’un cessez-le-feu « avant le début de la nouvelle année ». Mercredi, l’agence de presse progouvernementale turque Anadolu avait annoncé la conclusion d’un accord de cessez-le-feu dans toute la Syrie par Moscou et Ankara, ce que les principaux acteurs du conflit n’avaient pas confirmé.
Mevlüt Cavusoglu a assuré qu’en cas de succès cet accord conduirait à des négociations politiques entre le régime de Damas et l’opposition syrienne à Astana, au Kazakhstan. Ces négociations ne sont pas « une alternative à Genève » où doivent se dérouler des négociations sous l’égide de l’ONU en février, a néanmoins souligné le ministre. « C’est une étape complémentaire. Les négociations à Astana se feront sous notre supervision », a-t-il ajouté en précisant que la liste des participants à ces négociations n’était pas encore arrêtée. Mevlüt Cavusoglu a répété que la Turquie poursuivait ses efforts avec la Russie pour obtenir un cessez-le-feu, ajoutant que Moscou serait le « garant » du régime de Damas, quel que soit l’accord trouvé.
« Hors de question » d’échanger avec Bachar el-Assad
Le chef de la diplomatie turc n’a pas donné plus de détails concernant le cessez-le-feu, mais a ajouté que la Turquie serait également garante de l’accord. La Russie et la Turquie sont très impliquées dans le conflit syrien, où elles soutiennent des parties adverses : Ankara appuie les rebelles tandis que Moscou, tout comme l’Iran, est un proche allié de Damas. La coopération russo-turque a permis la conclusion d’un cessez-le-feu il y a deux semaines à Alep, permettant l’évacuation de milliers de personnes des quartiers tenus par les rebelles. Cette coopération sur le dossier syrien s’est intensifiée ces derniers mois, après une crise due à la destruction d’un avion russe par la Turquie à la frontière turco-syrienne fin 2015.
La Turquie est restée silencieuse lorsque le président Bachar el-Assad a obtenu sa plus grande victoire contre la rébellion depuis le début du conflit en reprenant la totalité d’Alep, la semaine dernière, grâce à l’aide russe. Mevlüt Cavusoglu a néanmoins affirmé qu’il était « hors de question » pour la Turquie d’échanger avec Bachar el-Assad. Depuis le début de la guerre en mars 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 310 000 morts et a poussé des millions de Syriens à l’exil.