Les particules fines, nouvel ennemi public numéro 1 : c’est la conclusion d’un rapport publié ce mardi par des chercheurs allemands et chypriotes. Ils estiment à 8,8 millions le nombre de morts à cause de la pollution en 2015 dans le monde. C’est deux fois plus que la précédente estimation.
8,8 millions de morts, contre sept millions à cause du tabac. Avec cette nouvelle estimation, le nombre de décès liés à la pollution atmosphérique dépasse désormais celui des morts liés à la cigarette. Quelles pathologies exactement ? Avec quelles pistes d’amélioration ? Le docteur Gilles Dixsaut, président du comité national contre les maladies respiratoires, et président de la Fondation du souffle en Île-de-France, répond à nos questions.
Selon le rapport, la pollution est responsable de 8,8 millions de décès dans le monde, dont 790 000 décès en Europe, et 67 000 rien qu’en France. C’est près du double de la précédente estimation, qui s’élevait à 4,5 millions de morts. Comment sont mesurés ces chiffres ?
Gilles Dixsaut : En épidémiologie, on ne peut pas dire qu’une pathologie est liée à un facteur précis : on attribue à chaque facteur (tabac, pollution…) une part du risque. Dans cette étude, les chercheurs utilisent davantage de marqueurs. Plus vous étudiez de marqueurs polluants, plus vous avez des risques élevés. L’étude a été réalisé avec davantage de finesse qu’auparavant, c’est-à-dire qu’on ne parle pas de la pollution comme un seul facteur, mais comme un grand nombre de facteurs qui viennent s’ajouter, et quelques fois se multiplier.
Le seuil limite de tolérance aux particules fines en Europe est actuellement 2,5 fois supérieur que les standards fixés par l’OMS. Faut-il abaisser ce seuil, comme le recommandent les chercheurs de l’étude ?
Gilles Dixsaut : Oui, ce seuil est encore beaucoup trop élevé en Europe. De plus, on continue à mesurer des polluants anciens, grossiers, qui sont moins en moins présents. Autrefois, les polluants, c’était le charbon, les locomotives à vapeur, les diesels qui fumaient. Les évolutions techniques ont fait que les particules sont devenues de plus en plus fines.
Aujourd’hui, il s’agit de particules ultra-fines. En milieu urbain, les particules proviennent du trafic, mais aussi de certains polluants, comme le dioxyde d’azote combiné à l’ammoniaque, qui vient par exemple de l’agriculture ainsi que de certains véhicules. Il est donc évident que, si l’on veut être efficace, il est clair qu’il faut se fonder sur les polluants actuels, et pas ceux qu’il y a cinquante ans, tout en adoptant les valeurs limites recommandées par l’OMS.