La reconnaissance faciale « intelligente » est annoncée comme une nécessité pour le ministère de l’Intérieur. Le modèle chinois de contrôle et surveillance de la population par des caméras et des algorithmes d’identification des personnes semble inspirer le gouvernement et l’administration française qui lance des expérimentations et des partenariats. Explications.
L’identification en temps réel des personnes par des réseaux de caméras de rue n’est plus un fantasme de film d’anticipation : la Chine a massivement déployé ces sytèmes et s’en vante. Le « réseau céleste » — ainsi nommé par le gouvernement central — de près de 200 millions de caméras, est un œil géant piloté par des intelligences artificielles qui travaillent jour et nuit à analyser les millions de visages des passants des grandes villes chinoises. Un journal de Hong Kong — cité dans le Courrier international — l’Apple Daily, résume les capacités surhumaines du « réseau céleste » avec délectation :
Le système peut identifier en temps réel avec exactitude le type de voiture, l’habillement, le sexe et même l’âge d’un passant… Ces informations sur les passants s’affichent automatiquement à l’écran. Quand il s’agit d’un criminel recherché, l’alarme du système se déclenche en montrant les données le concernant sur l’écran.Extrait du Courrier International : « Surveillance. Le “réseau céleste”, version chinoise de Big Brother », le 28/09/2017
La France est l’un des pays champion des technologies numériques de surveillance. Pionnier dans le domaine du « Deep packet inspection » (DPI, inspection profonde de paquets) grâce à sa recherche universitaire et des montages d’entreprises spécialisées dans l’exportation de ces systèmes à des dictatures, le pays de Victor Hugo a légiféré en cascade depuis plusieurs années pour autoriser les services de police et de renseignement à surveiller et capter les échanges numériques des citoyens de façon administrative, sans contrôle d’un juge d’instruction.
« Boites noires » chez les fournisseurs d’accès internet, sondes sur les câbles sous-marins, systèmes d’interception des communications « silencieux », logiciels de morpho-analyse intelligents : la plupart des technologies numériques de surveillance, d’identification et d’analyses prédictives sont en place dans les services de renseignement et de police français. Ne manque — visiblement — aujourd’hui qu’à déployer de façon massive les derniers outils de reconnaissance faciale, pilotés par intelligence artificielle, et les généraliser. Ce qui semble être en cours de discussion dans les ministères, les centres de recherche et les services d’Etat.
Gérard Collomb annonce…
Le ministre de l’Intérieur français, Gérard Collomb ne s’est pas caché depuis quelques mois de vouloir moderniser la police et les services de renseignement français. Cette modernisation passait pour l’instant par le déploiement de tablettes, de caméras connectées, le tout lié au nouveau fichier « monstre » TES de fichage biométrique de la quasi totalité de la population française.