Une nouvelle étude sur les frappes d’astéroïdes suscite la controverse parmi les scientifiques. Financée par la NASA et présentée la semaine dernière lors de la Lunar and Planetary Science Conference (lien plus bas), l’étude suggère que les gros astéroïdes frappent la Terre plus souvent qu’on ne le pensait, sur la base de données satellitaires.
Image d’entête : le Meteor Crater, en Arizona, créé par un impacteur de 50 mètres de large il y a environ 50 000 ans (Dale Nations/ Northern Arizona University/ Arizona Geological Survey).
L’étude a été dirigée par James Garvin, scientifique en chef du Goddard Space Flight Center de la NASA dans le Maryland aux États-unis, et elle s’est appuyée sur des données à haute résolution provenant de plusieurs satellites d’observation de la Terre pour examiner trois cratères d’impact. L’équipe de Garvin suggère que de grands anneaux sont visibles dans les données, ce qui montre que les cratères sont plus larges de plusieurs dizaines de kilomètres que ce qui avait été mesuré précédemment. Cet ajustement de taille implique à son tour que les impacts ont été beaucoup plus puissants que ce qui avait été répertorié jusqu’à présent.
Le calcul du taux d’impact des astéroïdes est une science difficile, car de nombreux astéroïdes se consument dans l’atmosphère terrestre, tandis que le vent et l’eau érodent les marques laissées par ceux qui parviennent à toucher le sol. De même, l’évaluation des astéroïdes menaçants pose des problèmes, même si les scientifiques peuvent affirmer avec certitude qu’aucun gros astéroïde ne représente une menace pour la Terre dans un avenir prévisible.
D’une manière générale, les chercheurs estiment qu’un astéroïde d’au moins 1 km de large frappe la Terre tous les 600 000 ou 700 000 ans. La nouvelle étude augmente considérablement ce taux, suggérant que quatre objets de cette taille ont heurté la Terre au cours du dernier million d’années.
En discutant avec d’autres chercheurs lors de la conférence, un journaliste de la revue Science (lien plus bas) a toutefois appris qu’ils préconisaient un examen plus critique des résultats avant de revoir entièrement nos estimations concernant les rencontres avec des roches spatiales.
Ainsi, pour Anna Łosiak, qui étudie les cratères à l’Académie polonaise des sciences, les anneaux identifiés dans la nouvelle étude pourraient s’avérer ne pas être des cratères. Si c’est vraiment le cas, a-t-elle ajouté, les répercussions sont inquiétantes, car « il y a beaucoup de roches spatiales qui peuvent venir mettre le bazar ».
De même, le planétologue canadien Gordon Osinski, professeur à l’université Western aux Etats-Unis qui dirige l’équipe scientifique de la prochaine astromobile (rover) lunaire, a déclaré qu’il n’était pas en mesure d’identifier de manière concluante les bords (du cratère) dans les données de l’étude.
L’équipe de Garvin a basé ses travaux sur deux satellites qui utilisent l’altimétrie par lidar (le satellite ICESat-2 et le Global Ecosystem Dynamics Investigation perché sur la Station spatiale internationale) et sur l’imagerie stéréoscopique commerciale disponible auprès des sociétés privées Planet et Maxar. Les scientifiques affirment que les nouvelles données, compte tenu de leur résolution supérieure de 4 mètres ou moins, constituent une « amélioration majeure par rapport à la topographie existante » utilisée pour les calculs d’impact, comme NASADEM (NASA Digital Elevation Model) et le TanDEM-X SAR allemand, qui offrent respectivement une résolution de 30 mètres et de 12 mètres.
Ces recherches ont été présentées lors de la lors de la dernière Lunar and Planetary Science Conference au Texas et présentées dans un PDF publiée sur le site de l’Universities Space Research Association : Reassessing the past million years of neo impact cratering on Earth via high resolution digital topography et décrits dans Science : Earth at higher risk of big asteroid strike, satellite data suggest.