Cet ancien employé de Lubrizol, chimiste, a accepté de témoigner auprès de notre rédaction sous couvert d’anonymat. Connaissant la toxicité des produits partis en fumée, il est implacable : « La gestion de crise a été catastrophique, on n’a eu aucune consigne. Ils n’étaient pas prêts à évacuer une ville de 100.000 personnes, alors que pour moi, connaissant la nature des produits, ça aurait du être fait, ne serait-ce que par principe de précaution ».
Notre témoin a travaillé chez Lubrizol pendant 3 ans dans les années 90, sur « toutes les activités de production y compris dans le bâtiment qui a pris feu, un grand entrepôt avec de l’enfûtage ». Un poste qualifié, en horaires décalés sur un rythme 5×8, alternant 2 matins, 2 après-midis, 2 nuits et 4 jours de repos, pour un salaire équivalent à l’époque à 3000€ net.
Si son expérience remonte à une vingtaine d’années en arrière, il affirme bien connaître les risques liés aux produits partis en fumée, d’autant plus que « les process de production sont déposés et n’ont pas évolué ». « J’ai travaillé sur plusieurs postes, nous confie-t-il. Sur des produits semi-finis, des produits finis, et un an dans le bâtiment qui a pris feu, où l’on faisait l’enfûtage et le stockage. Il y a une grande part d’automatisation, mais la présence humaine est indispensable pour le contrôle qualité, la gestion des risques chimiques, des risques incendie… Ce sont des produits dérivés de produits pétroliers qui arrivent directement dans des fûts via des tuyaux. C’est un ensemble de produit chimiques très concentrés, qui sont ensuite revendus à Total ou d’autres, qui ont des unités de production pour les reconditionner en bidons pour la vente au particulier par exemple. Mais comme Lubrizol ne fait que des produits très concentrés c’est plus dangereux, plus inflammable ».
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