Une étude conjointement menée par des chercheurs américains et péruviens a récemment avancé que la réduction de la consommation d’alcool observée aux États-Unis serait directement liée à la légalisation dans plusieurs États de l’usage médical de la marijuana.
Les scientifiques entendaient déterminer s’il existait chez les consommateurs un lien de substitution ou de complémentarité entre l’alcool et le cannabis, et penchent désormais pour le premier.
Un signe favorable pour la légalisation du cannabis
Utilisant les données du groupe américain Nielsen concernant les résultats de 90 commerces d’alcool entre 2006 et 2015, ils ont comparé les statistiques de vente entre les États –selon qu’ils ont ou non adopté la légalisation de la marijuana– et en considérant les différences avant et après la nouvelle législation au sein d’un même État.
D’autres données comme l’âge, l’appartenance ethnique et la situation financière des clients ont également été prises en compte, en tant que marqueurs déterminants relatifs à la consommation d’alcool.
Dans les États où la marijuana a été légalisée, les chercheurs ont constaté en près de dix ans une baisse moyenne de 15% de la consommation d’alcool –13,8% pour la bière, 16,2% pour le vin.
Ces résultats s’expliqueraient par une clientèle quasiment identique entre consommateurs d’alcool et de cannabis. Surtout, cela semblerait indiquer que les deux produits ne sont pas complémentaires –ce qui aurait pu «exacerber les effets sanitaires et les conséquences sociales de la consommation d’alcool, par exemple en augmentant les accidents de la route et les décès»– mais bien substituables –ce qui ouvrirait la voie à de nouvelles politiques de santé publique en faveur de la légalisation du cannabis.
Vers une baisse des ventes d’alcool?
Par revers, les industriels de l’alcool pourraient voir baisser leurs ventes à mesure que l’accès légal à la marijuana s’étendrait:
«La marijuana médicale est vendue légalement à un petit pourcentage de l’ensemble des usagers de marijuana, mais cette étude pourrait indiquer ce à quoi l’industrie de l’alcool peut s’attendre dans les États où passent des lois sur l’usage récréatif de la marijuana, lois qui augmenteront l’accès légal pour tous les adultes de l’État», souligne Forbes.
Rob McMillan, le président de la Silicon Valley Bank Wine Division se montrait cependant sceptique face à ces prévisions: selon lui, si un vin complète un repas, ce n’est pas le cas de la marijuana.