Offensif lors de ses voeux pour tenter de rebondir en 2019, le chef de l’Etat a assuré vouloir « aller plus loin » dans les transformations et garder sa « ligne ». Il va écrire une lettre aux Français pour cadrer le grand débat.
Debout. Presque en mouvement. C’est ainsi qu’Emmanuel Macron a choisi, lundi soir, d’adresser ses voeux aux Français pour 2019 . Comme à l’offensive pour tenter d’attaquer l’année dans une tout autre posture que celle, très statique, en défense, adoptée lors de son allocution du 10 décembre, en pleine crise des « gilets jaunes » , qui l’a contraint à des reculs et des concessions de plus de 10 milliards sur le pouvoir d’achat.
Pugnace pour défendre son bilan, le chef de l’Etat a toutefois reconnu que « les résultats » ne sont « pas immédiats », ajoutant partager « l’impatience » des Français. Mais cette impatience, a-t-il prévenu, « ne saurait justifier aucun renoncement ». Et le président d’assurer qu’il voulait « aller plus loin », sans renoncer, donc, à trois réformes majeures : celle de l’assurance-chômage « afin d’inciter davantage à reprendre le travail », celle de la fonction publique pour rendre le système « plus efficace » et celle des retraites , pour les rendre « plus justes », a avancé Emmanuel Macron. « Au fond, pour bâtir les nouvelles sécurités du XXIe siècle », a martelé un chef de l’Etat qui s’adressait, là, à son électorat de premier tour, attaché à ces réformes mais en proie au doute sur sa capacité désormais à les mener.
Après le Conseil des ministres ce vendredi, le séminaire gouvernemental du 9 janvier, à l’Elysée, sera l’occasion de dérouler « l’agenda des réformes des mois à venir », précise le Château. Ou se projeter pour tenter de conjurer l’enlisement.
Ne pas se résigner
Les « gilets jaunes » justement, le chef de l’Etat ne les a jamais nommés. Une manière de mettre une distance et de vouloir sortir du face-à-face avec eux. Emmanuel Macron a préféré parler de la « colère qui a éclaté » et dépasse largement leur mouvement quand la cote de confiance d’Emmanuel Macron a dévissé. Mais le chef de l’Etat – a-t-il le choix ? – a essayé de retourner cette colère. « Elle dit une chose : nous ne sommes pas résignés ! […] nous voulons changer les choses pour vivre mieux », a-t-il lancé, retrouvant des accents de sa campagne présidentielle. Emmanuel Macron a d’ailleurs estimé que c’était « la ligne » qu’il trace depuis le début de son mandat et qu’il entend « poursuivre ».
Et pour poursuivre en 2019, année « décisive » et d’élections, il a formulé trois voeux : de « vérité », lâchant qu’« on ne peut pas baisser nos impôts et accroître nos dépenses ». Il voit dans le grand débat qui va débuter mi-janvier l’occasion de « parler vrai » et va, dans quelques jours, écrire aux Français pour en préciser le cadre. Avec le voeu de « dignité » – « chaque citoyen est nécessaire au projet de la nation » a-t-il assuré-, Emmanuel Macron a toutefois mis en garde sur le respect de l’ordre républicain et défendu la démocratie représentative. Toujours sans nommer les « gilets jaunes », il a fustigé « ceux qui prennent le prétexte de parler au nom du peuple, n’étant en fait que les porte-voix d’une foule haineuse ». De quoi, peut-être, « renforcer la mobilisation », a commenté le député LFI Adrien Quatennens. Mais aussi jouer l’opinion, désormais partagée sur la poursuite du mouvement.
Une Europe qui protège
Faisant enfin voeu d’espoir, Emmanuel Macron s’est projeté vers les élections européennes , premier scrutin de son mandat, assurant vouloir bâtir une « Europe qui peut mieux protéger le peuple ». « Je suis au travail, je crois en nous, en cet espoir français et européen », a conclu un chef de l’Etat pressé de sortir de l’ornière – y compris du nouvel épisode Benalla – et de reprendre les réformes, même si les résistances et les dossiers délicats – mise en oeuvre des mesures pouvoir d’achat ou du prélèvement à la source – sont légion.
Sans surprise, ces voeux n’ont pas trouvé grâce aux yeux des oppositions, Jean-Luc Mélenchon (LFI) fustigeant un « donneur de leçons lunaire » et Marine Le Pen (RN) un « pyromane. » Quant aux Français, six sur dix ne l’ont pas trouvé convaincant selon un sondage Opinion Way pour LCI publié mardi. Mais 50 % d’entre eux – contre 49 % – souhaite désormais que le mouvement des « gilets jaunes » s’arrête.