Selon Edward Snowden, le coronavirus pourrait conduire à une surveillance étatique étendue et durable

SAN FRANCISCO, CA - OCTOBER 14: Edward Snowden speaks remotely WIRED25 Festival: WIRED Celebrates 25th Anniversary ? Day 2 on October 14, 2018 in San Francisco, California. Phillip Faraone/Getty Images for WIRED25 /AFP

De nombreux pays ont déjà mis en place des systèmes de surveillance utilisant l’intelligence artificielle afin de lutter contre la pandémie de Covid-19. Edward Snowden alerte sur leur caractère potentiellement durable une fois la crise terminée.

Edward Snowden, ancien informaticien de la Central Intelligence Agency (CIA) et de la National Security Agency (NSA) exilé en Russie depuis 2013, a une nouvelle fois lancé l’alerte sur la surveillance de masse omniprésente facilitée par les nouvelles technologies liées à l’intelligence artificielle, lors d’une interview par vidéoconférence pour le Festival du film documentaire de Copenhague, le 23 mars.

Cette fois-ci, le lanceur d’alerte américain a averti qu’une augmentation de la surveillance de masse par les structures étatiques, dans le cadre de la pandémie de Covid-19, pourrait demeurer après la fin de la crise sanitaire, et ainsi avoir des effets durables sur les libertés civiles.

«L’urgence a tendance à se pérenniser»

«Lorsque nous voyons des mesures d’urgence adoptées, en particulier aujourd’hui, elles ont tendance à rester», a estimé Edward Snowden au cours de cette même interview. Et de poursuivre : «L’urgence a tendance à se pérenniser. Ensuite, les autorités [étatiques] se familiarisent avec ce nouveau pouvoir [et] commencent à l’apprécier.»

Ils savent ce que vous regardez sur Internet, où votre téléphone se déplace, et maintenant ils sont au fait de votre rythme cardiaque

Le lanceur d’alerte a ensuite déclaré que les gouvernements pourraient étendre l’accès dont ils disposent déjà pour surveiller les informations personnelles des personnes en cas de crise. Pour éclaircir sa pensée, Edward Snowden a pris comme exemple des trackers de fitness qui peuvent mesurer le pouls et le rythme cardiaque, comme l’Apple Watch. Selon lui, la peur de la propagation du Covid-19 pourrait persuader des gouvernements à se connecter aux trackers de fitness et smartphones pour obtenir en retour des données sur votre santé.

«Cinq ans plus tard, le coronavirus a disparu, ces données sont toujours disponibles pour [les services de sécurité et agences de renseignements qui] commencent à chercher de nouvelles choses», a ensuite conjecturé Edward Snowden. Et de prolonger son raisonnement : «Ils savent ce que vous regardez sur Internet, où votre téléphone se déplace, et maintenant ils sont au fait de votre rythme cardiaque. Que se passera-t-il lorsqu’ils commenceront à mélanger [ces données] et à leur appliquer une intelligence artificielle ?»

Dans le cadre de la pandémie de Covid-19, de plus en plus d’Etats ont émis «des propositions visant à surveiller l’épidémie en suivant les données de géolocalisation des téléphones portables. Cela pourrait s’avérer une méthode puissante pour suivre la propagation du virus et les déplacements des personnes qui en sont porteuses, mais ce sera aussi un outil tentant pour traquer les terroristes, ou tout autre ennemi potentiel des Etats», anticipe le lanceur d’alerte.

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Et pour cause, de nombreux pays sont d’ores et déjà capables de reconstituer les déplacements de personnes contaminées «via des images de vidéosurveillance, de leurs transactions bancaires et du bornage de leur smartphone», d’après Le Parisien.

SourceRT