Dans plusieurs départements, des chevaux sont retrouvés morts, avec l’oreille droite sectionnée. Les propriétaires sont dans l’angoisse, les enquêteurs cherchent à comprendre
Depuis plusieurs mois, des chevaux sont retrouvés morts et mutilés un peu partout en France. Actes de cruauté isolés ? Possible. Sauf que les dépouilles équines portent toutes la même « signature » : une oreille, la droite a été soigneusement sectionnée.
Partout, c’est la même incompréhension chez les éleveurs : qui peut bien s’en prendre aussi gratuitement à ces animaux ? Et pourquoi en garder une oreille, telle un trophée ?
« Je n’en dors pas. Mais pourquoi font-ils cela ? C’est invraisemblable », a confié au Parisien la propriétaire d’une jument de deux ans, découverte morte jeudi 14 mai dans son pré à Berny-en-Santerre, dans la Somme. Trois jours plus tard, au même endroit, c’est une ponette de quatre ans qui était retrouvée dans le même état, l’oreille droite soigneusement découpée. « Ce n’est même pas une vengeance personnelle car les propriétaires sont différents », a fait remarquer, incrédule, le maire de la commune au Courrier Picard.
La stupeur était la même en avril à Quierzy, dans l’Aisne, lorsqu’une pouliche de course âgée de deux ans a été découverte morte et sans oreille droite.
En mars, Flash, un étalon de cinq ans a été égorgé avant de recevoir plusieurs coups de couteau dans son pré, à l’écurie de Neuvy-en-Sullias, dans le Loiret. Et en février, c’est Gold, un paisible cheval d’un lycée agricole de Moselle qui avait été tué et mutilé dans la nuit. Quelques jours plus tard, on apprenait que le trotteur Démon Du Médoc, bien connu sur les hippodromes de Gironde, avait péri durant la nuit, dans un centre d’entraînement à Le Girouard en Vendée. Lui aussi avait été amputé de son oreille droite.
La piste d’un « challenge macabre ? »
Selon le procureur de la République de Laon, interrogé par France 3 Hauts-de-France, les enquêteurs des différents départements touchés travaillent ensemble : « Des rapprochements se font dès lors qu’on a des éléments communs. Dès qu’ils ont su qu’il y avait eu d’autres faits, les enquêteurs ont essayé de voir s’il y avait des liens potentiels ».
Une chose est sûre : d’après les autopsies, aucun des animaux ne présentait de trace de poison dans son sang.
Les gendarmes se demandent s’il ne s’agirait pas d’une sorte de « challenge macabre ». Ainsi, il n’y aurait pas un seul mais plusieurs auteurs différents, ce qui expliquerait le côté aléatoire des départements concernés. « Le mode opératoire n’est pas exactement le même à chaque fois ». Le cheval est parfois assommé, parfois égorgé. « Seule l’oreille coupée est commune à tous les actes », soulignent les enquêteurs.
Le point de départ de cette sinistre série pourrait se trouver dans le Puy-de-Dôme. Selon La Montagne, le 1er décembre 2018, sur la commune de Loubeyrat, la pouliche nommée First Avenue a été retrouvée sans vie, dans un pré, son oreille droite ayant été « coupée net ». En juin 2019, c’est la dépouille d’Oasis, une jument de l’école nationale d’ostéopathie animale de Châtel-Guyon, qui a été découverte gisant dans les mêmes conditions, « un trou béant à la place de l’oreille droite ».
Les propriétaires des chevaux gratuitement mutilés appellent tous leurs homologues et le milieu équestre à « la plus grande prudence ».