Le gouvernement espagnol a décidé ce jeudi de mettre fin unilatéralement à un contrat d’une valeur de 6,8 millions d’euros portant sur la fourniture de plusieurs millions de munitions à la Garde civile, conclu avec une entreprise israélienne. Cette décision survient après de vives tensions au sein de la coalition gouvernementale, composée du Parti socialiste et de la gauche radicale.
Selon des sources gouvernementales relayées par l’AFP, cette rupture de contrat s’inscrit dans la ligne de l’engagement « ferme » des deux partis au pouvoir — le Parti socialiste du Premier ministre Pedro Sánchez et son allié Sumar — en faveur de la cause palestinienne.
La polémique a éclaté après que le ministère de l’Intérieur a officialisé, mercredi, son intention de ne pas dénoncer le contrat signé en octobre 2024 avec l’entreprise israélienne Guardian Defense and Homeland Security S.A.. Ce contrat visait à approvisionner en munitions de calibre 9 mm différentes unités de la Garde civile.
Or, cet accord allait à l’encontre de la position affichée par le gouvernement Sánchez depuis le début du conflit à Gaza : celle de ne conclure aucun contrat d’armement, ni en achat ni en vente, avec Israël.
Face à la colère exprimée par Sumar, partenaire clé de la coalition minoritaire, le ministère de l’Intérieur avait d’abord annoncé le lancement d’une procédure pour annuler l’accord. Toutefois, sur recommandation des services juridiques de l’État, l’annulation n’a pas été immédiatement actée. Les juristes ont en effet averti que l’interruption du contrat à ce stade avancé du processus risquait d’engendrer des pertes financières significatives, notamment en obligeant l’État à indemniser l’entreprise sans réception des munitions.
Le contrat avait été discrètement validé puis publié sur la plateforme des marchés publics espagnols le vendredi de Pâques, en pleine Semaine Sainte, période de congé pour une grande partie du pays. Le document mentionne comme fournisseur officiel la société israélienne IMI Systems Ltd, représentée en Espagne par Guardian Defense.
L’affaire a été révélée par la radio Cadena Ser, provoquant immédiatement un tollé dans les rangs de la gauche radicale.
Dans un communiqué, Sumar a souligné que « l’engagement du gouvernement espagnol aux côtés du peuple palestinien (devait) être absolu » et a répété exiger « l’annulation immédiate du contrat ».
« Ni six millions d’euros, ni même six milliards, ne peuvent justifier que l’Espagne prenne le risque d’être complice d’un génocide », a, pour sa part, lancé lors d’une conférence de presse le secrétaire général du Parti communiste espagnol et député de Sumar Enrique Santiago.