Malgré les protestations publiques, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi aide Israël à transférer 1,4 million de Palestiniens de Rafah vers des villages de tentes dans le désert du Sinaï.
Samedi, des agences de presse occidentales ont rapporté que des négociations à huis clos avaient eu lieu à Paris dans le but de parvenir à un accord sur un cessez-le-feu à Gaza. Selon Reuters, ces négociations représentaient «l’effort le plus sérieux depuis des semaines pour faire cesser les combats dans l’enclave palestinienne meurtrie et pour obtenir la libération des otages israéliens et étrangers». Malheureusement, les informations en provenance de Paris n’étaient en grande partie qu’une supercherie orchestrée par les médias pour détourner l’attention du véritable objectif de la conférence. Il ne faut pas oublier que les principaux participants à cette réunion n’étaient pas des diplomates de haut niveau ou des négociateurs expérimentés, mais les directeurs des services de renseignement, notamment le chef du Mossad israélien, David Barnea, le chef des espions égyptiens, Abbas Kamel, et le directeur de la CIA, William Burns. Ce ne sont pas des hommes que l’on choisirait pour négocier un échange d’otages ou un accord de cessez-le-feu, mais pour mettre en œuvre des opérations de surveillance électronique, d’espionnage ou des opérations secrètes. Il est donc extrêmement improbable qu’ils se soient rencontrés à Paris pour convenir d’un plan de cessation des hostilités. L’explication la plus probable est que les chefs espions respectifs mettent la dernière main à un plan de collaboration visant à percer le mur frontalier égyptien afin qu’un million et demi de Palestiniens gravement traumatisés puissent fuir vers l’Égypte sans rencontrer d’opposition sérieuse de la part de l’armée égyptienne.
Une telle opération nécessiterait une coordination considérable afin de minimiser les pertes humaines tout en atteignant son objectif global. Naturellement, toute brèche devrait être imputée au Hamas, qui sera sans aucun doute le bouc émissaire idéal pour faire exploser une section du mur, créant ainsi une ouverture pour des milliers de Palestiniens en débandade. De cette manière, Israël pourrait qualifier l’expulsion massive de «migration volontaire», ce qui est le sobriquet sioniste à la sonorité joyeuse pour désigner le nettoyage ethnique. Quoi qu’il en soit, la majeure partie de la population musulmane de Gaza aura été expulsée de sa patrie historique et contrainte de s’installer dans des camps de réfugiés disséminés dans le désert du Sinaï. C’est la finalité de Netanyahou, qui peut intervenir à tout moment.
On peut se demander si le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi coopérera avec Israël et autorisera les Palestiniens à entrer en masse en Égypte, mais ces doutes reposent sur des spéculations et non sur des faits. Pour ceux qui veulent creuser un peu plus, il y a une piste d’argent claire qui relie le président égyptien douteux à un changement de politique qui fera plus qu’accommoder l’ambitieux plan de nettoyage ethnique de Netanyahou. En d’autres termes, le coup est déjà joué. Ceci est tiré de Reuters :
«Les pourparlers avec l’Égypte en vue de renforcer son programme de prêt du Fonds monétaire international (FMI) progressent très bien, a déclaré jeudi le FMI, qui estime que l’Égypte a besoin d’un «programme de soutien très complet» pour faire face aux défis économiques, et notamment aux pressions exercées par la guerre dans la bande de Gaza. (…)
Interrogé sur l’impact sur les négociations des défis posés par l’entrée attendue des réfugiés de Gaza en Égypte, Kozack a déclaré : «Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités égyptiennes et leurs partenaires pour veiller à ce que l’Égypte n’ait pas de besoins de financement résiduels et que le programme soit en mesure de garantir la stabilité macroéconomique et financière en Égypte»».1
Je répète : «pour veiller à ce que l’Égypte n’ait pas de besoins de financement résiduels» ??
WTF ? Le FMI apporte donc désormais un soutien financier à l’épuration ethnique ?
C’est en tout cas ce qu’il semble. Le FMI veut s’assurer qu’al-Sissi dispose de suffisamment d’argent pour couvrir les coûts de l’alimentation et du logement d’un million et demi de réfugiés. Mais ces milliards de dollars iront-ils vraiment aux Palestiniens affamés qui ont perdu leur maison et tous leurs biens matériels, ou s’évanouiront-ils sur les comptes offshore de politiciens égyptiens corrompus, comme cela a été le cas en Ukraine ? Nous avons tous vu ce film à maintes reprises et il ne se termine pas bien. Voici un complément d’information du Financial Times :
«Georgieva a clairement indiqué que la guerre à Gaza était la principale raison pour laquelle le FMI allait de l’avant avec un accord de prêt élargi, malgré l’arrêt des décaissements d’un prêt antérieur de 3 milliards de dollars. (…).
Selon les analystes, les discussions entre l’Égypte et le FMI se sont concentrées sur un paquet d’au moins 10 milliards de dollars, dont une partie proviendrait du prêteur et le reste d’autres donateurs, parmi lesquels la Banque mondiale».2
Soyons clairs : Le FMI a interrompu le versement d’un prêt de 3 milliards de dollars à l’Égypte, mais il est maintenant prêt à remettre 10 milliards de dollars à un pays criblé de dettes, présentant un risque de crédit, dont la monnaie a subi une dévaluation de 40% l’année dernière et dont l’économie est actuellement au plus bas ? Cela a-t-il un sens ? Bien sûr que non. Voici ce qu’en dit The Cradle :
«Le Fonds monétaire international (FMI) déclare que les pourparlers avec l’Égypte sur un programme de prêt visant à «aider» le pays à surmonter ses difficultés financières et à faire face au déluge potentiel de réfugiés palestiniens qu’Israël cherche à expulser de Gaza pour des raisons ethniques, ont progressé de façon remarquable».
Quelqu’un a enfin le courage de dire ce que tout le monde sait déjà être vrai, à savoir que le FMI finance le nettoyage ethnique de Gaza. Voici un autre extrait du même article :
«La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a déclaré en novembre que l’agence «envisageait sérieusement» une augmentation possible du programme de prêt de l’Égypte en raison des «difficultés économiques posées par la guerre Israël-Gaza».
«Le prêt pourrait atteindre 10 milliards de dollars pour aider l’économie égyptienne à survivre face à des facteurs locaux et externes, notamment l’attaque israélienne sur la bande de Gaza voisine et les tensions dans la mer Rouge. (…)
Cela a coïncidé avec le début des travaux de construction d’une «zone de sécurité isolée» dans l’est du désert du Sinaï, à la frontière avec la bande de Gaza, dont beaucoup pensent qu’elle servira de zone tampon pour les Palestiniens déplacés.
«Les travaux de construction observés dans le Sinaï le long de la frontière avec Gaza – l’établissement d’un périmètre de sécurité renforcé autour d’une zone de terrain spécifique et ouverte – sont des signes sérieux que l’Égypte pourrait se préparer à accepter et à permettre le déplacement des habitants de Gaza vers le Sinaï, en coordination avec Israël et les États-Unis».3
Il convient de noter qu’en acceptant le prêt de 10 milliards de dollars du FMI, al-Sissi a accepté de rattacher la monnaie égyptienne aux taux du marché noir, ce qui signifie que sa valeur sera réduite de moitié le jour où l’accord sera conclu. Les travailleurs égyptiens – dont la moitié vit déjà sous le seuil de pauvreté – seront gravement touchés par le plan de sauvetage, mais pas autant que les Palestiniens qui seront laissés à l’abandon dans des villes de tentes dans le désert.
Il semble également que le FMI continuera à faire miroiter le prêt (pot-de-vin ?) de 10 milliards de dollars sous le nez d’al-Sissi jusqu’à ce que les Palestiniens passent enfin en Égypte et que l’opération soit terminée. C’est ainsi que les oligarques occidentaux utilisent des institutions internationales comme le FMI pour contraindre leurs marionnettes à faire ce qu’ils veulent. Dans ce cas, ils avaient besoin d’un Judas malléable qui serait prêt à trahir ses compatriotes musulmans afin de remplir ses poches et celles de ses plus proches alliés. Ils ont apparemment trouvé leur homme en la personne d’al-Sissi.
Cela explique peut-être aussi pourquoi l’Égypte est en train de défricher une vaste bande de terre à deux pas de la frontière de Gaza. Le Caire prépare le terrain pour accueillir le flux croissant de réfugiés qui afflueront bientôt dans le pays. Ceci est tiré de Forbes :
«L’Égypte met en place un camp près de sa frontière avec Gaza pour faire face à un éventuel exode des Palestiniens de l’enclave si Israël lance une offensive terrestre sur Rafah, la région frontalière où se réfugie plus de la moitié de la population de Gaza, a rapporté Reuters. (…)
Citant quatre sources anonymes, Reuters rapporte que l’Égypte prépare une «zone désertique avec quelques installations de base» pour abriter les réfugiés potentiels en tant que «mesure temporaire et de précaution».
Le groupe de défense des droits de l’homme, la Fondation du Sinaï, a partagé des images des prétendus camps, montrant des camions et des grues en train de mettre en place une «zone de haute sécurité» entourée de clôtures en béton.
Le New York Times a corroboré ces images et s’est entretenu avec des entrepreneurs présents sur le site, qui ont déclaré avoir été engagés pour construire un mur de béton de 5 mètres de haut autour d’une parcelle de terrain de 5 kilomètres carrés située près de la frontière».4
Résumons :
1. Les chefs des services de renseignements israéliens, américains et égyptiens se sont réunis à Paris (OMI) pour mettre la dernière main à un plan d’expulsion des Palestiniens de Gaza.
2. Le Fonds monétaire international (FMI) est sur le point d’accorder à l’Égypte un prêt de 10 milliards de dollars pour «gérer un déluge potentiel de réfugiés palestiniens qu’Israël cherche à nettoyer ethniquement de Gaza». (The Cradle)
3. L’Égypte prépare une «zone désertique avec quelques installations de base» pour abriter les réfugiés potentiels dans un avenir proche.
4. Les forces de défense israéliennes ont poursuivi leurs frappes aériennes quotidiennes sur des sites civils à Rafah afin d’intensifier les sentiments d’anxiété et de panique qui contribueront à déclencher une ruée vers l’Égypte.
5. Les camions de nourriture sont empêchés d’entrer dans la bande de Gaza. Israël affame délibérément les Palestiniens pour qu’ils fuient leur patrie dès qu’il y aura une ouverture à la frontière.
Toutes ces mesures ne visent qu’un seul objectif : l’éradication complète de la population palestinienne. Aujourd’hui, après une campagne militaire sanglante de quatre mois, l’objectif d’Israël est clairement en vue.
Il faudra un effort monumental pour empêcher ce plan diabolique d’aller de l’avant.
source : The Unz Review